Alfred Jarry : l’interview UBUesque !
Petit voyage uchronique ! Imaginons ce que serait une interview d’Alfred Jarry à la sauce Père Ubu
Journaliste : Père Ubu... euh, pardon, Monsieur Jarry, quel honneur de vous rencontrer !
Alfred Jarry : Qui êtes-vous, bouffre ?
J : Je suis journaliste et j'aimerais vous poser quelques questions pour nos lecteurs.
AJ : Voilà encore un plumitif venu me soutirer des confidences ! Soit, prenez place sur ce fauteuil à phynances, mais attention à la trappe, si d’aventure vous veniez à m’agacer !
J : Parlez-nous de la naissance du Père Ubu.
AJ : Merdre ! Quelle question digne d’être renversée ! Le Père Ubu, voyez-vous, a émergé des immondices des aigles, dans les couloirs tumultueux du lycée de Rennes, porté par l’effervescence des potaches en folie. Il a jailli, tout équipé, de notre imagination collective, tel Athéna surgissant du crâne de Zeus, mais avec plus de gidouille !
J : On dit que vous vivez de façon... un peu particulière ?
AJ : De par ma chandelle verte, je vis comme il me plaît ! Chez moi, les revolvers font office de marteaux, l’absinthe se déverse à volonté, et ma bicyclette est mon plus loyal destrier ! La pataphysique ne s’abaisse pas aux contraintes des esprits étriqués de la bourgeoisie !
J : Ah oui ?... Mais qu’est-ce donc que cela, la « pataphysique » ?
AJ : Cornegidouille ! La pataphysique, c’est la science des solutions imaginaires, qui attribue symboliquement aux esquisses les propriétés des objets définis par leur virtualité ! Vous ne saisissez pas ? Excellent, c’est précisément l’idée !
J : Et mère Ubu dans tout ça ?
AJ : Bougre de merdre, la Mère Ubu ! Elle est l’âme damnée du Père Ubu, son cerveau, ou du moins ce qui y ressemble ! Sans elle, Ubu ne serait qu’un sac de graisse inutile qui rêve de croûtons. C’est elle qui remue les tripes de ce gros cochon pour qu’il fasse avancer l’histoire, qu’il poignarde des rois, qu’il vide des coffres et qu’il trône en pleine absurdité !
J : Que représente le théâtre à vos yeux ?
AJ : Ah ! Ma gidouille ! Mais le théâtre est une grande machine à désordre ! Une marionnette géante où chacun tire des ficelles pour tout emmêler. Le théâtre doit être excessif, grotesque, monstrueux ! La vie est plate, alors le théâtre doit être une montagne, un volcan, une tempête de Merdre et de couleurs !
J : Quels sont vos projets d'avenir ?
AJ : Jarnicoton bleu ! Je prévois d’éventrer encore quelques pauvres âmes, de faire tourner à plein régime la machine à décerveler, et pourquoi pas, si l'envie me prend, partir à la conquête de la Pologne ! La littérature se doit d’asséner un uppercut aux bonnes consciences, vous ne croyez pas ?
J : Un dernier mot pour nos lecteurs ?
AJ : (Se levant brusquement) Merdre ! Qu'ils sachent que la vérité est dans l'imaginaire et que Père Ubu est plus vrai que tous vos dirigeants !
Et maintenant, va-t-en sagouin ! Par mon bâton à physique, fiche-moi le camp avant que je ne te frappe et te découpe avec mon ciseau à oneille !