Autour d’Ubu Roi : entretien avec Pascal Neyron

Ubu Roi et Le Carnaval (gastronomique) des animaux

Pascal Neyron, codirecteur de l’Opéra de Reims au sein des Frivolités parisiennes revient sur son parcours et partage sa vision du monde théâtral. Il nous livre également quelques anecdotes et, enfin, nous présente deux spectacles qu’il met en scène cette saison : Ubu Roi (23 & 24 nov.) et Le Carnaval (gastronomique) des animaux (17 nov.)
Entretien réalisé le 20 août 2024 par Hugo Chaillou

Quel a été le déclic qui vous a amené au monde du théâtre ?

Ce sont à la fois mes parents qui m’emmènent au théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines et le club du théâtre amateur que j’ai pratiqué au collège. J’ai eu la chance d’arriver dans une classe de 4ème où il y avait l’option théâtre. J’ai eu la chance de rencontrer un super prof de français associé à un super prof de théâtre, Matthieu Cessac. Ensuite, avec les copains de ce groupe de théâtre on a créé une troupe et on jouait 4 à 5 fois dans l’année. A la fin de la licence d’histoire et sciences politiques, une amie m’a invitée un peu par hasard à passer un concours pour rentrer dans une école professionnelle de théâtre et je l’obtiens. Je dois alors faire un choix et je décide de commencer ma carrière d’acteur professionnel.

Puis je rencontre les Frivolités parisiennes en 2013, car Benjamin El Arbi qui a cocréé la compagnie l’année précédente avec Mathieu Franot, est un copain de fac. Je commence à faire de la pédagogie avec des élèves dans le milieu scolaire. Au fur et à mesure, je prends en charge cette part de responsabilité pédagogique au sein de la compagnie, qui me fait confiance pour commencer à diriger des petits projets avec des jeunes chanteurs. Puis, de fil en aiguille, avec des chanteurs professionnels, ce qui m’amène à l’opéra.

L’autre grande étape, c’est mon entrée à l’académie de l’Opéra national de Paris où je postule en tant que metteur en scène à la suite d’une mise en scène au Théâtre de l’Athénée avec les Frivo. Depuis, je n’ai plus le temps d’être acteur. Au début, la mise en scène peut-être perçue comme un simple changement de paradigme. Or, petit à petit on découvre que c’est de la méthodologie, une expérimentation de l’humilité constante, une remise en question. La mise en scène c’est de la ressource humaine associée à de   l’artistique.

Avez-vous une ou deux anecdotes mémorables à nous raconter ?

Sur la mise en scène, dans les premiers spectacles que je faisais, j’étais tellement impatient et tendu que je me suis déjà fait sortir de régie. Trop excité, trop exténué aussi. Aujourd’hui, je suis beaucoup plus détendu, les choses se font plus facilement.
En tant qu’acteur, lorsque je jouais avec le groupe d’amateurs, on est allés jouer dans des campings. On s’est installés face au public près d’une piscine et on s’est fait jeter des cailloux, des gravillons de piscine, par des enfants pendant qu’on jouait (rires).
Des anecdotes avec les Frivo, ça va être des anecdotes que toutes compagnies ont déjà vécues : jouer dans des garages, jouer l’hiver quand il n’y a pas de chauffage, jouer avec un pull sous costume parce qu’il fait trop froid, etc.

Est-ce que codiriger un Opéra a changé votre perception de la scène ?

Non, codiriger un Opéra n’a pas changé ma vision de la scène. Le monde de la scène c’est vraiment le plus beau, c’est le monde de l’artisanat. En tant qu’acteur, je trouvais que l’artisanat d’une équipe sur scène était la plus belle chose, en tant que metteur en scène je trouve qu’une équipe artistique est encore plus belle parce qu’on a l’accès à la maitrise d’ouvrage, qui elle-même est artisane du succès, et je trouve que dans une maison d’Opéra, on se rend compte qu’une équipe est autant artisane du succès que ce qu’il y a sur scène. C’est donc encore plus beau.

Pour lire la suite, consultez le premier numéro de ENCORE !, le magazine de l'Opéra de Reims !